Discours DE MADAME LA MINISTRE DE l'ENVIRONNEMENT ET DE LA LUTTE CONTRE LA DESETIFICATION A LOCCASION DE LA CEREMONIE OFFICIELLE DES PLANTATIONS LORS DE LA 47 -ème EDITION DE LA FETE NATIONALE DE LARBRE (EDITION 2022) -------------------------- Tillabéri, 3 Août 2022

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de lEtat ;
Excellence Monsieur le Président de lAssemblée Nationale ;  
Excellence Monsieur le Haut Représentant du Président de la République ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Honorables Députés Nationaux ;
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
Excellences Mesdames et Messieurs les Représentants du Corps Diplomatique et des Organisations Internationales ;
Monsieur le Gouverneur de la Région de Tillabéri ;
Monsieur le Maire de la Commune Urbaine de Tillabéri ;
Messieurs les Responsables des Forces de Défense et de Sécurité ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Partis Politiques et des Organisations de la Société Civile ; 
Honorables Chefs Coutumiers ;
Respectueux Chefs Religieux ;
Distingués Invités ;
Mesdames et Messieurs ;
A vos titres grades et qualités, tout protocole respecté.

Je suis ravie et honorée de madresser à vous, en ce jour du 3 Août 2022 marquant le 62ième Anniversaire de lIndépendance de notre pays, dédié depuis 47 ans à la Fête Nationale de lArbre.

Je voudrais, en cette circonstance solennelle, saluer, au nom de Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de lEtat, votre présence, si massive, à Tillabéri, cette prestigieuse et belle capitale du Fleuve, à loccasion de cet important évènement, qui consacre également le lancement officiel de la campagne nationale de reboisement 2022-2023. 
Votre disponibilité à honorer par votre présence, lédition 2022 de la Fête Nationale de lArbre, est à limage de votre engagement à relever les défis de lutte contre la désertification. 
Ainsi que je le disais dans mon discours, à Zinder, à la même occasion en 2021, linstitutionnalisation de la Fête Nationale de lArbre traduit la prise de conscience de notre peuple, depuis plusieurs décennies maintenant, de lampleur et des impacts de la désertification et des changements climatiques, dont les répercussions sur la vie de nos concitoyens, nos activités socioéconomiques, et sur notre environnement sont des plus néfastes.
Mesdames et Messieurs,
Je sais que les Nigériens, nombreux et à juste titre, se posent la question sur le devenir et les résultats des sites ayant fait lobjet de cérémonies officielles de plantation darbres, à loccasion des précédentes éditions et plus globalement sur les impacts des opérations de reboisement.
Cest pourquoi, je voudrais mettre à profit loccasion que moffre cette prestigieuse tribune pour souscrire à mon devoir de compte rendu à la nation, de laction de mon département ministériel en matière de reboisement, en apportant quelques éléments de réponse aux préoccupations, sommes toutes légitimes, de nos concitoyens et concitoyennes.
Ainsi, sagissant des sites des cérémonies officielles nationales de plantation darbres, de ces dernières années, la situation, à date, est la suivante :
En 2014, au Site du Camp de la Gendarmerie nationale, sis à Koara Tégui à Niamey: Onze (11) espèces darbres ont été plantées ; ce site présente un taux de réussite de 64,25% ;
En 2015, au site de la Faculté des Sciences de la Santé de lUniversité Abdou Moumuni Dioffo de Niamey, site dit « arboretum de plantes médicinales du Niger » ; sept (7) espèces darbres ont plantées, et un taux de réussite de 64,30% a été obtenu;
En 2016, au site de la Ceinture verte de Niamey, sis à côté des écoles Turque : une plantation mono spécifique de neem a été réalisée, avec un taux de réussite de 60,66% ;
En 2017, au site du Camp de la Garde Nationale du Niger de Dosso : Treize (13) espèces darbres ont été plantées, et un taux de réussite de 94% a été obtenu ;
En 2018, au site de lHôpital de Référence de Maradi où sept (7) espèces darbres ont été plantées, et présentant un taux de réussite de 100% ;
En 2019, au site du Centre de la Mère et de lEnfant de Tahoua où sept (7) espèces darbres ont été plantées, pour un taux de réussite de 92,2% ;
En 2020, au site de lHôpital Régional dAgadez : six (6) espèces darbres plantées, avec un taux de réussite de 100% ; et enfin,
En 2021, au Camp de la Garde Nationale du Niger de Zinder : 6 espèces darbres plantées, pour un taux de réussite de 100%.
Plus globalement, au cours des 15 dernières années, sur un total de 289 sites ayant fait lobjet de plantation darbres lors des cérémonies officielles  communales, départementales, régionales et nationales, de la FNA, il convient de noter que 68% des sites de plantations sont jugés satisfaisants à très satisfaisants car présentant des taux de réussite qui se situent au-delà de 60% ; 30% ont besoin de regarnis et 2% constituent, malheureusement des échecs, quil convient de corriger, au besoin, par la reprise des plantations. Oui, ces résultats méritent dêtre salués, quand on sait que dans les conditions du sahel, obtenir un taux de réussite supérieur à 50% en matière de plantation constitue en soi une prouesse.

Je voudrais aussi rappeler que le reboisement au Niger sentend, également, par ces milliers darbres mis en terres, chaque année, sur les sites de récupération des terres et de fixation des dunes et qui procurent, déjà, dans de nombreuses contrées de notre pays, des biens et services écosystémiques au profit des communautés locales.

Comment aussi, en parlant de reboisement, ne pas rappeler, à ce stade de mon intervention, ces efforts incommensurables de nos braves producteurs ruraux qui se sont résolument engagés dans lagroécologie, autrement dit la Régénération Naturelle Assistée, donnant ainsi un effet multiplicateur aux actions de reverdissement de notre pays et une valeur ajoutée certaine à nos productions agricoles. Je voudrais rendre un hommage appuyé, avec votre permission, Monsieur le Président de la République, à ces valeureux producteurs ruraux qui font honneur à notre pays, cité en exemple, au plan international comme un laboratoire de bonnes pratiques en matière dagroforesterie. En effet, à travers leurs efforts dintégration de larbre dans les systèmes agropastoraux, certes, ils restaurent leurs terres et améliorent durablement leurs productions agricoles, mais ils apportent également une contribution indiscutable à leffort mondial de séquestration du gaz carbonique pour lutter contre les effets néfastes du changement climatique.
Oui, les efforts de ces producteurs méritent dêtre davantage reconnus. Cest ce qui explique sans doute aussi, Excellence Monsieur le Président de la République, la création toute récente sous votre impulsion, de la Médaille du Mérite Ecologique du Niger, pour reconnaitre et récompenser, au-delà des agents forestiers, les personnes physiques ou morales de nationalité nigérienne ou étrangère, qui se sont particulièrement illustrées dans la protection et la restauration de notre environnement.

Excellence, Monsieur le Président de la République
Mesdames et Messieurs,
Les résultats très encourageants que je viens de partager ici, méritent dêtre mis à léchelle pour produire plus dimpacts écologiques et socio-économiques durables. Mais ces résultats, pour autant, ne doivent pas occulter que notre environnement est malade, très malade même, à tel point quun de mes prédécesseurs à ce département ministériel, a cru devoir appuyer sur la sonnette dalarme, en 2016 en parlant, à juste titre, dune « situation durgence écologique au Niger » ; analyse que je partage entièrement.
Je voudrais pour étayer mes propos, aborder à titre illustratif, la question de lensablement de nos cours et plans deau, un des indicateurs du mal être de notre environnement. Ainsi :


Pour le Lac Tchad : Ce cours deau que nous partageons avec trois autres pays, est passé dune superficie de 25 000 km2 en 1970 à 14 800 km2 en 2013. Aussi, se rappelle-t-on dans les années 1980-1990, période à laquelle la superficie du lac a été estimée à seulement        2 500 km2, que ce plan deau sest carrément retiré de notre territoire. Si la faible pluviométrie enregistrée est citée parmi les causes de son faible volume, lensablement de son lit explique en partie la variation de son régime.
En ce qui concerne les lacs de Guidimouni dans la région de Zinder et de Madarounfa dans celle de Maradi : Ces plans deau ont gagné en superficie au détriment des terres cultivables qui les entourent suite à leur envasement. En effet, le lac de Guidimounouni est passé dune superficie de 100 ha en 2018 à 338 ha en 2021 ; tandis que la superficie de celui de Madarounfa est passée de 600 ha en 2018, à 900 ha en 2021 et sa profondeur a chuté de 3 m dans le même temps.
En ce qui concerne la mare de Tabalak : Outre la réduction de sa profondeur par rapport à 1975, sa superficie est passée de 1 273 ha en 1986 à 1079 ha en 2018 ; soit un taux de régression de 15,23%. Cette mare a connu deux épisodes dasséchement en 1996 et 2004 du fait, certes de la faible pluviométrie enregistrée, mais aussi du mouvement de sable provenant du cordon dunaire qui la surplombe à son côté ouest.
Quant au Fleuve Niger, pour mon dernier exemple, ce cours deau renferme des bancs de sable, visibles, à plusieurs endroits sur le segment quil traverse dans notre pays. 
En effet, selon une étude de lORSTOM, le fleuve Niger a connu une crue historiquement faible en 1984 et un étiage sévère qui a occasionné en juin 1985, un arrêt de son écoulement.  Aussi, avons-nous tous en mémoire, le batardeau construit aux encablures de la capitale, Niamey, en juin 1984, en prévision dun arrêt de lécoulement du fleuve. 
De même, nous avons constaté sur le trajet Niamey-Tillabéri, des plateaux quasi déboisés et des exemples de grands koris, tels que ceux de Boubon et de Karma, à écoulements sporadiques et torrentiels, qui charrient chaque année, dénormes quantités de sable dans le fleuve. Il en est de même pour les koris de Kourtéré, Gorou Banda, Gorou Kirey en rive droite, pour ne citer que ceux-là. 
En dévorant les espaces agricoles, suite à des très grands reculs de berges qui élargissent leurs lits découlement, ces koris ont également des effets néfastes sur les pêcheries locales, la faune aquatique, l'alimentation en eaux de la ville de Niamey, l'alluvionnement des terres de vallée, la disparition de la végétation rupicole, des îles et des mares tampons, etc.  
Dailleurs, cest à juste titre que plusieurs acteurs font un lien direct entre les inondations de plus en plus fréquentes à Niamey et le niveau élevé densablement du fleuve.
Excellence, Monsieur le Président de la République
Mesdames et Messieurs,
Ainsi que vous laurez sans doute noté, la question de lensablement des cours et plans deau ; et aussi des terres de cultures, est une problématique environnementale majeure à laquelle, il faut le rappeler, vous accordez un rang de priorité élevé, afin de mettre les Nigériens à labri de la faim et de la malnutrition.
Cest sans doute pourquoi, entre autres, Monsieur le Président de la République dans le Programme de la Renaissance acte III : « Consolider et avancer », vous indiquez au sujet de la diplomatie environnementale je cite : « un accent particulier va être mis sur la protection des bases productives à travers la restauration des écosystèmes et des terres dégradées, le reboisement ainsi que le désensablement et laménagement des principaux bassins et cours deau du pays », fin de citation.
Mesdames et Messieurs, vous laurez sans doute relevé que le choix du thème de lédition 2022 de la Fête Nationale Arbre à savoir : « Lutte contre lensablement des cours et plans deau : une voie pour le relèvement et la résilience des communautés locales »   a été opportunément inspiré de nos priorités nationales telles que définies dans les documents de politique et de planification stratégique nationaux. 
En effet, les cours et plans deau constituent des écosystèmes particuliers autour desquels sexercent des activités agrosylvopastorales et halieutiques intenses et diversifiées. Ces écosystèmes sont favorables au développement de la pêche et de laquaculture, des cultures alimentaires et fourragères ainsi que celles de rente à travers la promotion de lirrigation. 
A travers ce thème il sagit damener les nigériennes et les nigériens à observer des modes dexploitation durables des arbres et des forêts aussi bien sur les plateaux et les bassins versants, que dans les vallées et bas-fonds. Il sagit aussi de les encourager à travailler pour inverser les tendances à lenvasement des cours et plans deau à travers la restauration des terres, intégrant la plantation darbres et la génération des revenus par la mise en uvre de travaux de haute intensité de main duvre.

Aujourdhui plus que par le passé, il est de notre devoir à tous, en villes comme en campagnes, denvisager la protection et le maintien des cours et plans deau, afin de développer leur potentiel de productions. La préservation de ces écosystèmes et des services vitaux quils fournissent aux populations devient une urgence et constitue, à nos yeux, un levier sûr pour renforcer la résilience des communautés dans ce contexte de changement climatique et surtout de dégradation des conditions sécuritaires.

Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef suprême des armées ;
Après le camp de la Gendarmerie de Nationale de Koara Tégui en 2014, le Camp de la Garde Nationale du Niger de Dosso en 2017 et le Camp de la Garde Nationale du Niger de Zinder en 2021, nous voilà, cette année, au niveau de la Légion de la Gendarmerie de Nationale de Tillabéri pour la cérémonie officielle de lancement de la campagne nationale de reboisement 2022-2023. En plus du camp de la gendarmerie, les camps des Sapeurs-Pompiers et de la Douane Nationale seront aussi concernés par les plantations darbres cette année à Tillabéri. 

A travers ces choix, nous voulons magnifier la solidarité et le soutien de toute la nation aux Forces de Défense et de Sécurité dans leur noble combat de défense de notre territoire et de sécurisation des populations et de leurs biens. Nous voulons aussi reconnaitre et valoriser leur grand potentiel de contribution à la lutte contre la désertification.

Avant de terminer cette allocution, je voudrais remercier très sincèrement nos partenaires techniques et financiers pour leurs appuis en faveur de la préservation de lenvironnement et la lutte contre le dérèglement climatique, car les défis sont énormes et planétaires. 

Jexprime aussi ma gratitude à toutes les personnes physiques et morales qui ont soutenu les Comités dOrganisation de la présente édition.

Je voudrais aussi saluer limplication personnelle du gouverneur de la Région de Tillabéri, reconnaitre les efforts soutenus des Comités dorganisation à tous les niveaux et les féliciter pour avoir su relever les défis organisationnels, matériels et techniques de cet évènement, malgré les moyens, je le sais, modestes mis à leur disposition.
En implorant ALLAH le Tout Miséricordieux, de nous gratifier dun hivernage fécond, jinvite chacune et chacun de vous à planter au moins un arbre et à lentretenir pour un Niger Vert et plus Résilient. Comme la si bien dit un célébre chanteur de la région de Tillabéri, en loccurrence feu Chaibou Ayorou, dans une de ses chansons dédiées à la fête de larbre « Niger izey wa tourey douma ».

Je vous remercie pour votre aimable attention

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